Un chiffre qui claque comme une porte dans le silence : -12 % dâexposition institutionnelle sur TotalEnergies au premier semestre 2025. Cela nâĂ©tait pas arrivĂ© depuis douze ans. Ce retrait massif des investisseurs a fait tanguer le gĂ©ant du CAC 40, dĂ©jĂ secouĂ© par un bĂ©nĂ©fice net en chute libre de 18 % au deuxiĂšme trimestre. MĂȘme le maintien du dividende nâa pas apaisĂ© les esprits. Plusieurs membres de la direction ont, de leur cĂŽtĂ©, vendu de gros blocs dâactions, attisant la fĂ©brilitĂ© sur le titre.
Les marchĂ©s nâont pas tardĂ© Ă intĂ©grer le coup de frein : la production annuelle, revue Ă la baisse, sâexplique par des projets retardĂ©s en Afrique et en Asie. Les agences de notation, elles, ont ajustĂ© la perspective de la dette à « stable ». Un message limpide : TotalEnergies nâest plus intouchable. Le climat autour du groupe a basculĂ©.
Plan de l'article
- Pourquoi lâaction TotalEnergies a-t-elle chutĂ© en 2025 ?
- Les facteurs majeurs derriÚre la baisse du titre : contexte économique, décisions internes et évolutions sectorielles
- Quel impact pour lâĂ©conomie française et les marchĂ©s financiers ?
- Perspectives pour les investisseurs : quelles opportunités et risques à surveiller aprÚs la correction ?
Pourquoi lâaction TotalEnergies a-t-elle chutĂ© en 2025 ?
DĂ©but 2025, la cotation de TotalEnergies sur Euronext Paris a dĂ©crochĂ©, entraĂźnant une onde de choc sur les indices CAC 40 et Euro STOXX 50. La capitalisation, rĂ©cemment encore au seuil des 140 milliards de dollars, sâest contractĂ©e en quelques sĂ©ances, plombĂ©e par des annonces jugĂ©es dĂ©cevantes et un contexte international devenu franchement instable.
Jusque-lĂ , sous la houlette de Patrick PouyannĂ©, TotalEnergies incarnait la fiabilitĂ© et la performance. Mais la Bourse a la mĂ©moire courte. DĂšs la publication dâun bĂ©nĂ©fice net en baisse, 15,2 milliards dâeuros pour 2024,, la dĂ©fiance sâest installĂ©e. Le chiffre dâaffaires, gigantesque (215 milliards USD), nâa pas suffi Ă calmer la crainte sur les marges et la gestion de la trĂ©sorerie.
Voici les principaux points qui ont mis la pression sur le titre :
- ArrĂȘts de projets stratĂ©giques aux Ătats-Unis, victimes des nouveaux droits de douane amĂ©ricains sur les panneaux solaires indiens ;
- Renforcement des réglementations environnementales en Europe ;
- Tensions géopolitiques qui se prolongent, en Ukraine comme au Moyen-Orient ;
- MarchĂ©s de lâĂ©nergie secouĂ©s, avec une concurrence fĂ©roce de Saudi Aramco, ExxonMobil, Chevron, Shell et BP.
Les fonds institutionnels, qui dĂ©tiennent prĂšs de 77 % du capital, ont massivement rééquilibrĂ© leurs portefeuilles. MalgrĂ© le statut de valeur Ă©ligible au PEA et lâintĂ©gration dans la plupart des ETF spĂ©cialisĂ©s (Lyxor, iShares, Amundi, Vanguard), TotalEnergies nâa pas rĂ©sistĂ© Ă cette vague de ventes. La nervositĂ© sâest lue sur les volumes Ă©changĂ©s Ă la Bourse de Paris : chaque annonce, chaque statistique, a dĂ©clenchĂ© des rĂ©actions immĂ©diates sur le marchĂ©, dĂ©plaçant des milliards Ă la moindre secousse.
Les facteurs majeurs derriÚre la baisse du titre : contexte économique, décisions internes et évolutions sectorielles
LâannĂ©e 2025 a placĂ© TotalEnergies face Ă un environnement Ă©conomique devenu imprĂ©dictible. Le relĂšvement des droits de douane amĂ©ricains sur les panneaux solaires dâorigine indienne a forcĂ© la suspension de plusieurs dĂ©veloppements de grande ampleur aux Ătats-Unis : lâambition sur le marchĂ© amĂ©ricain des renouvelables a pris un coup dâarrĂȘt, ce que les opĂ©rateurs nâont pas manquĂ© de sanctionner.
La volatilitĂ© des marchĂ©s de lâĂ©nergie, exacerbĂ©e par la rivalitĂ© entre majors et les tensions gĂ©opolitiques, a amplifiĂ© lâeffet domino. Le conflit en Ukraine a continuĂ© de peser, tout comme le durcissement des rĂ©glementations environnementales europĂ©ennes, nuisant aux perspectives de croissance et Ă la valorisation des actifs. Concurrents comme Saudi Aramco ou ExxonMobil restent en embuscade, et les investisseurs, moins patients, exigent des rĂ©sultats immĂ©diats.
Le conseil dâadministration, guidĂ© par Patrick PouyannĂ©, a optĂ© pour une gestion prudente : prĂ©server la trĂ©sorerie, mĂȘme si cela suppose de mettre en pause des chantiers stratĂ©giques. Ce choix, loin de rassurer le marchĂ©, a refroidi des investisseurs jusquâici sĂ©duits par la soliditĂ© du groupe. Lâobligation de se transformer rapidement pour rĂ©pondre aux exigences environnementales europĂ©ennes ajoute une pression supplĂ©mentaire, grignotant le rendement Ă court terme.
Les signes dâalerte se sont multipliĂ©s : bĂ©nĂ©fice net en recul, progression interne freinĂ©e, arbitrages douloureux sur des grands projets (Mozambique LNG, Sunpower). Face Ă lâaccumulation dâincertitudes, le marchĂ© a rĂ©agi sans mĂ©nagement, sanctionnant le manque de visibilitĂ© et lâexposition directe aux risques gĂ©opolitiques et rĂ©glementaires.
Quel impact pour lâĂ©conomie française et les marchĂ©s financiers ?
Le dĂ©crochage du titre TotalEnergies sur Euronext Paris a entraĂźnĂ© un mouvement de balancier sur toute la place boursiĂšre. Lorsquâun acteur de cette taille vacille, la totalitĂ© du CAC 40 sâen ressent. Figurant en bonne place dans les indices CAC 40 et Euro STOXX 50, le groupe entraĂźne avec lui une cohorte de fonds indiciels (Amundi, Lyxor, iShares, Vanguard), forçant les gestions passives Ă revoir leur allocation de maniĂšre automatique et Ă accentuer la volatilitĂ© du secteur Ă©nergie.
Les rĂ©percussions ne sâarrĂȘtent pas lĂ . TotalEnergies pĂšse lourd dans lâĂ©conomie française : dividendes pour les institutionnels, Ă©pargne investie pour 13,6 % de particuliers actionnaires, refuge pour les fonds de pension. Quand le rendement du dividende, proche de 5,85 % pour 2024-2025, se fragilise, ce sont les revenus de lâĂ©pargne nationale qui vacillent. La confiance collective sâĂ©rode.
Trois points illustrent lâeffet domino sur lâĂ©conomie et les marchĂ©s :
- Chute des valorisations dans les ETF sectoriels et mondiaux liĂ©s Ă lâĂ©nergie
- Moins dâinvestisseurs Ă©trangers sur le compartiment Ă©nergie Ă Paris
- Conséquences sur le financement des projets de transition énergétique en France
Cette dĂ©stabilisation ne sâarrĂȘte pas aux frontiĂšres de la Bourse : la baisse du poids boursier de TotalEnergies complique le financement de nouveaux projets industriels, quâil sâagisse du Mozambique LNG ou dâinfrastructures vertes. Les salariĂ©s actionnaires (7,4 % du capital) voient leur Ă©pargne salariale se contracter, tandis que la France, qui compte sur ses champions pour briller Ă lâinternational, doit composer avec un leader attaquĂ© sur plusieurs fronts Ă la fois.
Perspectives pour les investisseurs : quelles opportunités et risques à surveiller aprÚs la correction ?
La chute du titre TotalEnergies amĂšne les investisseurs Ă revoir leurs repĂšres. Le dividende demeure lâun des plus gĂ©nĂ©reux du CAC 40 (5,85 % en 2024-2025), distribuĂ© sur une base trimestrielle stable. Cette constance sĂ©duit les institutionnels comme les particuliers Ă la recherche de revenus rĂ©guliers, mĂȘme dans la tourmente.
Pour celles et ceux en quĂȘte dâopportunitĂ©s, la stratĂ©gie de transition vers lâhydrogĂšne, les biocarburants et lâĂ©lectricitĂ© verte reste une boussole. Lâobjectif de 100 GW de capacitĂ©s renouvelables Ă horizon 2030 nâa pas Ă©tĂ© remis en cause. Les analystes de Zonebourse, ProRealTime, LSEG Refinitiv recommandent gĂ©nĂ©ralement lâachat ou la conservation du titre, misant sur la force du bilan et le modĂšle intĂ©grĂ© du groupe. Sur les plateformes comme Boursorama ou Trade Republic, les ordres dâachat profitent de la baisse de valorisation pour se positionner Ă moyen terme.
Mais les risques nâont rien dâanodin. La compĂ©tition avec Saudi Aramco, ExxonMobil, BP, Shell sâintensifie sur tous les fronts : hydrocarbures classiques, gaz, renouvelables. Les tensions gĂ©opolitiques, la pression rĂ©glementaire europĂ©enne, la volatilitĂ© des marchĂ©s de lâĂ©nergie rendent toute prĂ©vision fragile. Les ETF sectoriels (Amundi, Lyxor, iShares) ajustent leurs expositions, ce qui ajoute une part dâincertitude supplĂ©mentaire Ă lâĂ©volution du titre.
Atouts | Risques |
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Dividende Ă©levĂ©, stratĂ©gie de diversification, soliditĂ© du bilan | Pression rĂ©glementaire, concurrence accrue, dĂ©pendance aux prix de lâĂ©nergie |
La trajectoire de TotalEnergies, dĂ©sormais scrutĂ©e Ă la loupe, sâannonce mouvementĂ©e : entre nĂ©cessitĂ© de se rĂ©inventer et exigences de rentabilitĂ©, le groupe incarne tous les dilemmes de lâindustrie Ă©nergĂ©tique. Reste Ă savoir de quel cĂŽtĂ© basculera la confiance des marchĂ©s lors du prochain frĂ©missement Ă©conomique ou politique.